Un faux-semblant
Voilà vingt-huit ans que j'évolue exclusivement au sein des villes.Vingt-huit ans que je vis dans des habitats collés à d'autres habitats.Jamais rien n'aura été remis en cause. Jamais.Je vis avec tout le monde tout le temps.Nous marchons tous dans les mêmes directions sur des terrains balisés. Le répit s'opère entre les huit murs de chez moi.Finalement, c'est ça ma vie. Evoluer en ville, c'est se rendre compte à un moment que nous sommes tous constamment entourés par quelque chose : l'architecture. Alors je tente d'évacuer sa présence par le dessin et la sculpture. L'oppression architecturale est fascinante. Sa grandeur massive, parfois inhumaine et cette rigidité maladive me laissent souvent pantoise. Son maquillage « HLM » aux couleurs pastels qu'elle revêt pour faire oublier la froideur du béton me laisse quant à lui dans le plus grand des égarements.
Drôle que de penser que les Hommes rivalisent d'idées pour arriver à la dite perfection. La perfection, c'est la ligne droite, la rigueur et l'interdiction du raté. Je décide donc de rater, d'user de traits bancals, de bavures, de saletés. J'utilise tous les matériaux et tous les codes de l'architecture - ou du moins l'idée que je m'en suis faite - à des fins imparfaites. Cela m'aide à me rappeler que je suis un énième être défectueux dans un monde gigantesque.
Projet de diplôme Mauve Farris ©SBinoux
Projet de diplôme Mauve Farris ©SBinoux
Projet de diplôme Mauve Farris ©SBinoux
Projet de diplôme Mauve Farris ©SBinoux
Projet de diplôme Mauve Farris ©SBinoux