Cassandre Lafon

Jardin

Je travaille la vidéo pour sa capacité à transmettre le mouvement d'un moment. Je suis intéressée en particulier quand l'image éveille le sens du toucher à travers l'écran et l'impression de douceur que cela peut donner au spectateur. J'essaye de recréer cette sensation en filmant de près des objets, des personnes et en augmentant de subtils mouvements par le montage. Quand je filme, je suis concentrée sur des détails sensibles et éphémères. Je filme une nuque, une peau, le pli d'un pantalon pour capter leurs textures et donner cette impression d'effleurement. Je joue avec le son qui accentue ou, au contraire, change la perception de l'image. Je filme souvent des personnes sans qu'elles ne me voient, dans des moments d'absence, je pense que le rendu de l'image en est plus puissant car je peux capter des gestes moins conscients.

 J'assemble ensuite ces détails avec des images plus abstraites choisies pour leurs mouvements ou leurs matériaux (feedback analogiques, prise de vue sans objectif, ajout de gélatines de couleurs) et cela constitue une bibliothèque d'images. Je les regarde, les assemble, les démonte et essaye de trouver des relations entre les images à travers les couleurs, les mouvements, les textures des objets et les personnes que je filme.

Sur certaines pièces, je travaille le montage dans l'espace, sous forme d'installations vidéo en plusieurs écrans. Cela me permet de choisir les images autrement qu'en fonction d'une séquence. Je monte dans l'idée d'un collage, où je mêle la projection et le moniteur TV selon le type de texture et de matérialité que je souhaite donner à l'image. C'est un moyen de monter des vidéos de différentes natures en les faisant coexister. Je conçois mes vidéos comme des bouquets d'images, que je vois comme un cadeau fait d'une combinaison de différentes choses vivantes.