Data havre
Considérer que le web et Internet sont des espaces libres où la notion de vie privée peut encore être préservée, c'est oublier les implications économiques et les conflits politiques qui gravitent aujourd'hui autour des données que nous générons lors de notre navigation. Désormais collectées, indexées, stockées, copiées, transmises, recopiées, agrégées et recombinées entre elles, ces traces soulèvent des questions de contrôle et de surveillance qui se déploient dans l'espace numérique. En agissant de manière cachée, diffuse, voire insidieuse, ce design du contrôle est mis en place par et pour les grandes organisations et les États. Il forme alors une société qui pousse la rationalisation à l'extrême, qui prône la transparence tout en maintenant l'opacité des infrastructures et qui joue des affects, des désirs des individus.Data havre tente de lever le voile sur les mécanismes de collecte en représentant les données et les concepts qui nous sont invisibles. Il révèle les mécanismes de contrôle sur le web et leur asymétrie en illustrant comment les entreprises qui traitent nos données, contrôlent et manipulent ces dernières sans notre consentement.
Dans l'installation (no)control, les personnes face aux miroirs incarnent des internautes sur leur ordinateur. Si ces miroirs sont en apparence simplement le reflet de leurs actions, des Kinect captent en temps réel leur visage, expressions et mouvements. Il leur est toutefois impossible d'interagir directement avec le flux capté car celui-ci leur est inaccessible. Les personnes face aux cimaises incarnent quant à elles les entreprises comme Google ou Facebook. Seules celles-ci peuvent contrôler les portraits projetés à l'aide de potentiomètres. En les tournant plus ou moins, elles peuvent manipuler comme elles le souhaitent la représentation plus ou moins détaillée ou géométrique des internautes. Les personnes-internautes ne peuvent ainsi jamais voir ce que les personnes-sociétés décident de projeter ou d'interpréter, ce qui symbolise la façon dont nos identités numériques nous échappent.
Esther Bouquet - Design mention Média - Data Havre ©sbinoux
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