Le bureau, le jour : bureautique et objets d'artistes
une proposition de Stéphane Le Mercier
du 22 oct. au 29 nov. 2019, à la Médiathèque
Siah Armajani, Sacco & Vanzetti - Leseraum / Reading Room
En 1940, lorsque Edward Hopper peint The Office at Night, on est en droit, dans le contexte de la seconde guerre mondiale, d'imaginer surprendre un couple mystérieux analysant des messages venus d'outre-atlantique. Il n'y a, sur les deux tables représentées, ni gomme ni crayon signalant une activité scripturale, seulement une machine à écrire et un téléphone ; soient à l'époque, comme le rappelle Friedrich Kittler, des appareils aux ordres de la dictée. Aucune note personnelle, aucun croquis ne doit sortir du bureau, faisant écho à l'avertissement militaire (et pictural ?) : Eyes Only.
Depuis lors, «en temps de paix», les artistes se sont penchés sur tous ces menus objets qui couvrent d'une épaisseur supplémentaire nos plans de travail, réalisant des multiples parfois gracieusement distribués dans l'espace public, au même titre que flyers et tracts. La gomme des Guerilla Girls est frappée d'un slogan féministe, «Erase Discrimination». Sur un crayon à papier non taillé, Siah Armajani fait imprimer le nom de la salle de lecture, Sacco & Vanzetti-Leseraum, pensée en 1987, pour le MMK de Francfort. L'éphéméride de Jonathan Monk ne signale que le onze de chaque mois, écho assourdi de septembre 2001. Le crayon Bic quatre couleurs de Saâdane Afif est constitué de plastique blanc (Au hasard Balthazar, 2015), le réglet de l'artiste allemande Elsa Werth détermine un calcul surprenant à partir des seuls chiffres gravés. Enfin, sur la pochette d'allumettes de Ryan Gander (Four nights of a dreamer), une main inconnue a griffonné un numéro de téléphone : qui osera le composer ?
S'il s'agit bien sûr d'accompagner d'un point d'ironie la présence de ces objets banals, il s'agit aussi de mettre à l'épreuve les automatismes, de déplacer les écritures fonctionnelles que leur usage suscite. A nous de vérifier alors quelle montagne du territoire Hopi promeut « la carte de visite de paysage » de Bruno Persat... et si celle du «club privé mental» Oiso de Fire de François Curlet donne bien droit à un cocktail gratuit.
Stéphane Le Mercier
À retourner ouverture de la vitrine et présentation des objets, le mardi 12 novembre à 17h.
Depuis lors, «en temps de paix», les artistes se sont penchés sur tous ces menus objets qui couvrent d'une épaisseur supplémentaire nos plans de travail, réalisant des multiples parfois gracieusement distribués dans l'espace public, au même titre que flyers et tracts. La gomme des Guerilla Girls est frappée d'un slogan féministe, «Erase Discrimination». Sur un crayon à papier non taillé, Siah Armajani fait imprimer le nom de la salle de lecture, Sacco & Vanzetti-Leseraum, pensée en 1987, pour le MMK de Francfort. L'éphéméride de Jonathan Monk ne signale que le onze de chaque mois, écho assourdi de septembre 2001. Le crayon Bic quatre couleurs de Saâdane Afif est constitué de plastique blanc (Au hasard Balthazar, 2015), le réglet de l'artiste allemande Elsa Werth détermine un calcul surprenant à partir des seuls chiffres gravés. Enfin, sur la pochette d'allumettes de Ryan Gander (Four nights of a dreamer), une main inconnue a griffonné un numéro de téléphone : qui osera le composer ?
S'il s'agit bien sûr d'accompagner d'un point d'ironie la présence de ces objets banals, il s'agit aussi de mettre à l'épreuve les automatismes, de déplacer les écritures fonctionnelles que leur usage suscite. A nous de vérifier alors quelle montagne du territoire Hopi promeut « la carte de visite de paysage » de Bruno Persat... et si celle du «club privé mental» Oiso de Fire de François Curlet donne bien droit à un cocktail gratuit.
Stéphane Le Mercier
À retourner ouverture de la vitrine et présentation des objets, le mardi 12 novembre à 17h.