Exposition

Design-moi un jeu vidéo

Du 26 novembre 2019 au 22 mars 2020 – Cité du design
L'exposition est prolongée jusqu'au 22 mars 2020

Visuel Erwann TerrierVisuel de l'exposition - Erwann Terrier
Les concepteurs de jeux existent depuis des millénaires. Mais, si depuis quelques décennies, ce secteur connaît un essor considérable, c'est au jeu vidéo qu'on le doit. Cette « révolution » ludique repose sur une discipline : le game design.

Esthétisme, technologie, mécaniques de jeu et récit, les éléments essentiels de cet art de l'amusement sont présentés dans l'exposition sous forme de questionnement : comment le jeu vidéo est devenu un mode d'expression majeur du 21e siècle ?

Pour la première fois en France, la Cité du design propose une visite au coeur de la conception du jeu vidéo pour découvrir le « Game Design ».
Tous les éléments essentiels de cet art de l'amusement sont présentés dans cette exposition interactive.

Au sein de l'exposition, une installation du Random-Lab de l'Esadse propose le Indie games lounge, un hommage aux jeux vidéo indépendants.

Exposer les grands principes du game design à la Cité du même nom tient à la fois de la cohérence et de la curiosité.

Cohérence car au-delà d'un vocable commun, dévoiler à un large public la manière dont se conçoivent les jeux vidéo, c'est montrer comment leurs concepteurs ont créé et créent toujours un mode d'expression majeur qui touche toutes les générations et tous les publics. Soulever ce rideau de la conception à la Cité du design, c'est assouvir cette curiosité.

Esthétique


C'est par la partie esthétique que le joueur débute son expérience de jeu. Ici comme ailleurs, la surface n'est pas le contraire de la profondeur et le ressenti d'un jeu vidéo dépend d'abord de son apparence graphique et sonore. Elle est l'interface privilégiée avec les sens du joueur, en relation directe avec son expérience.
Le plaisir esthétique n'est pas anecdotique. Il équilibre la balance entre art, jeu et technologie. À lui seul, il peut changer l'appréciation du joueur, en bien ou en mal. La réussite esthétique repose sur la technologie, les mécaniques de jeu et l'histoire, même minimaliste. Mais ses effets ne se limitent pas au jeu lui-même. Dans les salles d'arcade, les bornes sont encore décorées et illustrées avec soin afin d'accompagner le joueur dans son immersion ludique.

Narration


Un jeu vidéo n'a pas besoin d'histoire pour être un jeu. Pourtant, il s'évertue toujours à en créer une. Récit et jeu vidéo seraient comme l'huile et l'eau : pas vraiment homogènes. Mais leur mélange déclenche une immersion inédite alliant liberté interactive et péripéties scénarisées. Ce script peut se construire pendant la session de jeu comme dans Space Invaders ou lors d'un match sur FIFA. Il peut aussi multiplier les histoires pour développer une épopée au long cours.
Linéaire, dirigiste, ramifiée ou émergente, la narration d'un jeu vidéo porte mille couleurs et mille formes selon l'esthétique, la mécanique et la technologie choisies par le concepteur. Cette aventure ludique transforme autant l'avatar et le joueur au fil d'une intrigue épique, intime, politique ou familiale.

Mécaniques de jeu


Bouger, construire, sauter, avancer, marcher, courir, se protéger, tirer, ouvrir une porte ou appuyer sur un interrupteur, les mécaniques de jeu forment une grammaire du jeu vidéo. Équilibrées, elles permettent au joueur d'atteindre les objectifs du jeu suivant les règles édictées par le concepteur. Incomprises, elles jettent ce même joueur dans un océan d'anxiété voire d'ennui.Ce sont les mécaniques qui font le jeu vidéo, le distinguant d'un film, d'un roman ou d'une pièce de théâtre. Elles définissent en grande partie le gameplay, l'expérience ludique au coeur de tout jeu. Pour exister, ces mécaniques s'appuient sur une technologie capable de les supporter, sur une dynamique visuelle permettant de les distinguer et sur une histoire pour leur donner du sens.

Technologie


La technologie est le socle sur lequel s'appuie toute conception de jeu vidéo. Matériaux, matériels ou contrôleurs, du papier aux crayons en passant par la puce graphique ou le casque de réalité virtuelle, elle rend possible l'expérience vidéoludique. Paradoxalement, cette ossature est fragile car elle se renouvelle sans cesse, poussée par la soif technologique inextinguible du grand public, des créateurs et des acteurs de l'industrie. Un rêve de futur incessant où chaque jeu se doit d'être innovant d'une manière ou d'une autre. Ces technologies en constante évolution ont favorisé la création de jeux visuellement plus réalistes, aux mécaniques et scénarios toujours plus captivants.

Indie games lounge


Le Indie Games lounge proposé par le Random(lab) souhaite rendre hommage aux productions de jeux vidéo indépendants en proposant une expérience de jeu immersive, en rupture avec le cadre domestique, où l'image est augmentée d'effets divers afin de plonger les joueurs dans leur monde éclectique et fascinant.

Apparu au début des années 2000 avec la simplification des techniques de programmation informatique, le jeu vidéo « indépendant » a donné naissance à une scène de création vive où des jeux produits par une minuscule équipe côtoient des créations de studio en marge de l'industrie. 

Plus libres dans leur approche que les jeux « grand public », ces productions abordent des thèmes inhabituels, osent des parti pris esthétiques radicaux ou des mécaniques de jeu surprenantes.

Véritables oeuvres d'art pour certains, brillants exercices de level design pour d'autre, ces jeux touchent un public moins vaste que ceux de l'industrie mais gagnent parfois le statut de jeu culte ou de jeu viral, formes de reconnaissance souvent plus attendues que le succès financier.


Le Random(lab) du Pôle numérique de l'École supérieure d'art et design de Saint-Étienne est un espace de recherche consacré à l'expérimentation en art, design et nouveaux médias.


Voir la rubrique du Random(lab)
Indie games lounge, Random(lab) - Photo ©F.Roure
Indie games lounge, Random(lab) - Photo ©F.Roure
Indie games lounge, une installation proposée par le Random(lab)
Photo ©F.RoureIndie games lounge, une installation proposée par le Random(lab)
Photo ©F.Roure
Produire un jeu vidéo

De la première idée à la mise en vente, le développement d'un jeu vidéo comprend en général quatre phases. D'abord la description du concept : la mécanique principale du jeu, l'histoire, le genre, le support, etc. Ensuite vient l'étape de la préproduction où tous les détails du jeu doivent être catalogués et caractérisés de manière précise. Le moment de la production est celui où les designers, ingénieurs, producteurs, artistes et tous les membres de l'équipe donnent vie au jeu. Enfin, vient la phase de la post-production après la sortie du jeu dans le commerce. La production laisse place à la communication et à l'amélioration de l'expérience ludique auprès de la communauté des joueurs.

Et le game design là-dedans ?

Si le développement d'un jeu vidéo consiste à donner vie à une idée, le game design s'attache à la conceptualiser. Le game designer s'appuie sur un ou plusieurs cahiers des charges qu'on appelle game design documents ou GDD. Ils détaillent à toute l'équipe de production les préconisations à suivre tout au long du développement : choix esthétiques, mécaniques de jeux, règles, objectifs, personnages, niveaux, décors, interface, narration et supports technologiques. Le game designer est le chef d'orchestre de l'équipe de création et intervient généralement après le chef de projet, une fois que le public est ciblé, que le type de jeu et le budget sont définis.
Vernissage le mardi 26 novembre, à 18h30
Commissariat d'exposition : Jean Zeid
Scénographie : Cité du design
Graphisme :
Erwann Terrier



Jean Zeid, commissaire de l'exposition

Animateur, journaliste et chroniqueur radio spécialisé en nouvelles technologies et jeux vidéo. Jean Zeid est également l'auteur de deux livres autour des jeux, spécialement sur leur rapport à l'art.

En 2017, il a conçu l'exposition GAME, le jeu vidéo à travers le temps à la Fondation EDF à Paris.
Portrait de Jean Zeid - Erwann Terrier